Le Dernier Théorème de Fermat (fin)

Publié le par Rouletabille

 


                                                                                      ECCE HOMO

Eh oui, le voila le Messie des mathématiques, celui qui 358 ans après que Fermat ait écrit la fameuse annotation : 

       "J'ai une démonstration véritablement merveilleuse de cette
        proposition, que cette marge est trop étroite pour contenir."

va apporter une démonstration définitive, une preuve absolue du fameux théorème.

Il est né à cambridge, en Angleterre, en 1953; environnement éminemment favorable, of course ! A 10 ans il était déjà fasciné par les maths, et entre deux sorties pour pêcher la crevette, il faisait tous les problèmes possibles de l'école, les emportait à la maison, et en inventait de nouveaux. 

Donc, dès qu'il eu découvert le théorème, il l'attaqua de front sans complexe, persuadé qu'un enfant de dix ans au XXe siècle était aussi calé que les Maîtres de l'antiquité ! Peut-être trouverait-il quelqu' astuce que tout le monde, à l'exception de Fermat, avait négligée.

En fait, ce fut long et laborieux; considérant ses moyens insuffisants, il renonça vite à trouver seul une brêche qui l'aurait mené à une avancée fracassante; sagement, tout en poursuivant ses études, il reprit tous les travaux des grands anciens, des précurseurs de génies, ceux  qui pourtant s'étaient tous cassé les dents sur ce problème démoniaque.

En 1975, il commença sa carrière comme diplômé à l'université de Cambridge. Il lui fallut encore trois ans pour passer son doctorat, puis il franchit l'Atlantique et s'installa à l'université de Princeton en qualité de professeur de mathématiques.

Et pendant tout ce temps, il n'a cessé de travailler, parfois par des voies détournées, à la résolution du théorème. Même si la plupart des chercheurs de son temps estimaient qu'il était futile de trouver cette preuve.

Et puis, il y eu un déclic : à la fin de l'été 1986, en sirotant un thé glacé chez un ami et collègue, Ken Ribet, celui-ci l'informa qu'il avait trouvé un lien entre la conjecture Taniyama-Shimura et le dernier théorème de Fermat. Il entrevit aussitôt que pour prouver le théorème de Fermat, il lui suffisait de prouver la conjecture Taniyama-Shimura.

Wiles abandonna tout travail qui ne concernait pas le théorème de Fermat, il cessa d'assister aux noria de conférences et de colloques; il continua néanmoins à assister aux séminaires et à donner ses cours aux étudiants.
Le plus clair de son temps, il le passait dans son grenier, aménagé spécialement pour ses travaux, à l'abri du monde.
Notons qu'il s'était marié quelques années plus tôt, et qu'il avait deux enfants; et que son épouse,  Nada, qui n'était pas une mathématicienne, lui apportait un soutien indéfectible, acceptait cette retraite volontaire et le délivrait des soucis de l'intendance.
Heureux homme !

Dans les années qui suivirent, il devait faire des découvertes extraordinaires mais sans publication, sans aucune information à l'extérieur; même ses collègues les plus proches n'étaient pas informés  de ses recherches.

Cette claustration volontaire dura sept ans. Jusqu'à ce jour de Mai 1993, où il descendit de son grenier à l'heure du thé pour annoncer à Nada qu'il avait résolu le dernier théorème de Fermat.

Une conférence était prévue, fin juin, à Cambridge (chez lui !),
au Issac Newton Institute ! Conférence qui devait durer huit jours sur le thème de la théorie des nombres; Wiles faisait partie des invités.

Il s'inscrivit lui-même comme conférencier, pour un cycle de trois conférences, tout en gardant secret le thème de son intervention.

On savait quand-même qu'il s'agissait entre autre de la conjecture Taniyama-Shimura, et peu à peu une rumeur pris naissance à propos d'une éventuelle résolution du théorème de Fermat.

Si bien que ce fameux 23 Juin 1993, outre la foule des mathématiciens professionnels se trouvait dans la salle quelques journalistes spécialisés munis de leurs caméras et autres appareils photo.

L'un d'eux rapporte qu'il n'a jamais assisté à une conférence aussi splendide, aussi pleine d'idées lumineuses, avec une telle tension dramatique. Et quel crescendo ! il n'y avait qu'une issue possible : la preuve du théorème !

Wiles remplit à la craie trois tableaux noirs.
 Quelques lignes de logique conclurent la démonstration, puis il déclara : "je pense que je m'arrêterai ici".

Deux cents mathématiciens applaudirent et poussèrent des hourras.

Andew Wiles venait de réaliser son rêve d'enfance.






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