histoire de nez

Publié le par Rouletabille

Je suis comme vous, l'autre soir, après avoir vainement essayé de trouver un programme attrayant sur les 130 chaînes de tv dont nous disposons maintenant, je suis revenu sur ARTE pour siroter une énième fois le chef-d'oeuvre de Claude Miller (1981): "Garde à vue".





Pas de surprise. Lino Ventura impeccable, Romy Schneider fascinante, Michel Serrault - d'une sobriété rare dans sa filmographie délibérément orientée vers des rôles de gugusse libertaires - magnifique en notable de province meurtri, humilié, désespéré au point d'endosser les crimes ignobles d'un autre...sans oublier l'excellent Guy Marchand en flic vulgaire et brutal (où vont-ils chercher ça ?).

Un détail pourtant m'a préoccupé tout au long de ce film, dont par ailleurs je connaissais tous les rebondissements. Le nez de Serrault; ou plutôt, le nez de Maître Martinaud, notaire.

Je veux bien que le talent de l'artiste, le don de l'incarnation poussé jusqu'au mimétisme nous fasse oublier le comédien au profit du personnage, mais tout de même, un nez reste un nez ! on peut l'allonger au moyen d'artifices si on joue Cyrano, mais comment transformer le nez épaté, sinueux, brisé de Serrault ( sans doute l'héritage d'un passé tumultueux), le transformer à chaque plan en un nez droit, fin, rectiligne, racé, tel celui de Maître Martinaud dans le film ?

Au petit matin, encore perturbé par cette question essentielle, j'ai procédé à une enquête sérieuse, assisté de ma fidèle collaboratrice, Mle Google.

La solution - car vous ne doutez pas du succès de mon entreprise - me laisse perplexe.

Pendant toutes ces années, comment ai-je pu ne pas m'apercevoir de la transformation physique, aussi évidente - le nez, pensez donc ! - d'un personnage aussi public et médiatique que notre Michel national !

Car il s'agit bien d'une métamorphose sournoise, subie, inéluctable, due
 à une maladie rare, la polychondrie atrophiante, qui se caractérise par la diminution du cartilage du nez et des oreilles. Evanoui d'un seul coup l'apprenti boxeur ou le voyou des rues !

Je ne sais pas quel démon -  Lucifer, Satan, Belzébuth ? - est chargé du ministère des maladies humaines, mais quelle imagination !  En plus, ça se voit comme le nez au milieu de la figure; bravo !

Du coup, moi, le vrai gugusse de l'histoire, je redeviens humble; je culpabilise; je promets de visionner tous les films de Jean-Pierre Mocky (mais ça sera dur !), et je rends hommage au grand Michel Serrault, celui de "Garde à vue" par exemple...






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